L'anxiété d'attraper le COVID et supporter la peur de mourir

Publié le 16 novembre 2020 à 14:15

Applaudir les soignants a très vite fait sens lors du premier confinement. Le fait qu'ils travaillent au contact du virus
nous a semblé courageux. Ce qui indique que nous avons vite eu peur de l'attraper, même si nous n'en avons pas eu

toujours conscience. Un professionnel n'est pas courageux parce qu'il exerce sa profession mais parce qu'il est en
face de quelque chose qui est un danger et que nous ne voudrions pas être à sa place.
Mais dans ce second confinemnt, avons-nous seulement peur de la contamination comme dans le premier ? Au
premier nous avons cru entendre, que seules les personnes très âgées et celles de santé fragiles, devaient craindre de
l'attraper. Cette information a été contredite par d'autres qui venaient indiquer que des personnes jeunes en pleine
santé étaient lourdement éprouvées. Là encore, on pouvait toujours se rassurer en entendant que de nombreuses
jeunes personnes et des professionnels, avaient été contaminés par ce virus sans le savoir. Ce qui suggèrait que l'on
pouvait très bien supporter le virus, au point de ne pas en avoir conscience. Sommes nous tous exposé au risque de
perdre la vie, l'incertitude demeure !
Dans cette incertitude nous semblons divisé : il y a ceux qui ont toujours eu peur, ceux qui commencent maintenant
à avoir vraiment peur et ceux qui refusent. Mais en réalité cette division n'est qu'apparente. “Moi ça ira ! Peut-être
que pour les autres ça ira moins bien ! C'est possible !”. Le fait que beaucoup d'entre nous refusent de céder à la
panique ou tout simplement ne ressentent pas d'inquiétude consciente, ne veut pas dire qu'il n'y a pas une anxiété
qui nous concerne tous. Une même anxiété pour tous !!! Nous la vivons à des stades différents selon nos vécus
personnels qui nous aident ou pas à l'envisager : c'est l'anxiété de notre mort personnelle, la peur très personnelle de
mourir.
On dit qu'il faut bien mourir de quelque chose, mais c'est un raisonnement logique seulement. On dit que les
personnes très âgées se rapprochent à grands pas de la mort, mais nous essayons toujours de les imaginer soulagées.
Aucune erreur possible : la mort logique, biologique, soulageante, ce n'est pas la nôtre ! Si l'on s'oblige à être
honnête, si on ne tombe pas dans le raisonnement automatique, la nôtre c'est celle dont on ne veut surtout pas, pas
maintenant. C'est celle à laquelle on ne se prépare pas, on ne veut pas. Elle ne serait pas logique. Elle nous
surprendrait. Elle serait une privation du temps que l'on veut encore vivre. Envisager nôtre mort personnelle serait
envisager celle qui viendrait nous contredire puisque l'on est convaincu tous les jours, dès notre réveil, d'avoir
encore du temps. Envisager que ce soient les autres qui décèdent c'est avouer notre refus de l'envisager pour nous.
Oui, c'est vrai, le virus en lui-même ne nous effraie pas quand nous affirmons que certains paniquent trop vite, ou
que pour nous ça ira, même si on l'attrape...C'est davantage notre difficulté à supporter la peur de notre propre mort,
qui s'exprime.
Alors comment faire ? Que veut dire la supporter ? L'accepter avec fatalité ? Cynisme ? Déprime ? Ou l'envisager
pour être efficace dans le maintient de notre temps de vie ? Comment ? Peut-être prendre un temps pour regarder
sincèrement cette peur afin de rallonger nous-mêmes notre durée de vie.
Peut-être en faisant retour sur ce que notre vie nous a apporté. Si elle est encore trop inachevée à notre goût, comme
nous le ressentons presque tous, alors nous aurons le besoin de mettre les masques et nous envisagerons
sincèrement les gestes demandés non plus comme des contraintes pénibles, réductrices, politiques, autoritaires...
mais au contraire, spontanément, comme une sécurité qui participe à notre désir à tous que notre mort personnelle
ne soit plus si proche !

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