Le masque : quelle relation à moi et à l'autre à travers lui ?

Publié le 25 novembre 2020 à 14:14

Se laver les mains plus souvent et bien mieux qu'avant, c'est un effort, car il faut y penser ; mais ce n'est pas un
effort physique. On améliore, on prend conscience d'une signification et d'un geste que nous vivions déjà. Mais
porter le masque, c'est bien autre chose ! !
Nous avons tous des réactions variables en degrés : du “je ne le supporte pas”, “je transpire avec le masque”, “je le
supporte mais je respire mal”, en passant par “je le vis bien mais ce sont les autres qui le vivent mal, ils ne
m'entendent pas”, jusqu'à “je le mets et je l'oublie naturellement, ce qui est pénible c'est qu' il faut penser à le
changer”. Ces réactions sont-elles toutes radicalement différentes, ou y-a-t-il un ou deux fil(s) conducteur(s) à
travers elles ? Sentiment d'être à l'étroit dans nos mouvements du visage, d'être entravé dans notre respiration et
notre élocution, d'être moins bien compris, d'entendre moins bien l'autre, de ne plus voir les expressions de son

visage (juste ses yeux), de ne pas être assez vu quand on souhaite manifester un sourire... Notre expression de nous-
même devant l'autre et notre accès à ce que l'autre peut nous montrer de lui, voilà peut-être les deux dimensions

importantes dont nous sommes privés. Je me sens moins bien quand je ne suis plus sûr d'être compris et je me sens
moins bien quand je ne suis plus sûr de bien saisir la parole de l'autre, quand me manque les signes de ses intentions
sur son visage. Cela renvoie, sans doute, à notre croyance que le fait d'être vu et celui de voir, suffisent pour être
compris de notre interlocuteur et le cerner à notre tour.
Avec ce confinement qui dure (ou ce nouveau confinement ?), si l'on prend le temps d'y regarder, ne faisons-nous
pas l'effort, sans y penser, de parler plus lentement quand on s'adresse à un tiers à travers notre masque ? Pour être

sûr d'avoir une chance d'être compris, sans doute ! Pour bien l'entendre, ne sommes-nous pas moins distrait à son
égard quand il nous parle derrière le sien ? Ne cherchons-nous pas davantage ses yeux alors que nous ne regardions
qu'un visage d'ensemble avant ? N'allons-nous pas moins vite dans nos échanges sociaux (le “bonjour”, la demande
d'information adressée à la personne présente au guichet, etc.) ? Sans nous en rende compte, nous développons plus
d'attention. Nous faisons attention à nos besoins de nous adresser aux autres et nous faisons plus attention aux
intentions des autres dans leurs rèactions devant nous. Finalement, entre seulement voir le visage de l'autre et faire
attention à l'autre, entre la certitude d'être perçu par notre visage et celle d'être l'objet d'un effort d'attention quand
quelqu'un regarde fixement nos yeux pour nous entendre ; nous n'y perdons pas vraiment !!! C'est sûr, le masque
nous aide à aller moins vite dans nos échanges quand nous nous croisons.
Oui, même si nous avons conscience de cela, sans doute le jour où il faudra laisser les masques, peu d'entre nous se
dirons nostalgiques. Cependant, attention, il sera plus difficile de refouler ce que nous aurons compris de nos
diifcultés à avoir l'intention de faire attention les uns aux autres. Il faudra peut-être vraiment en parler avec
quelqu'un, de cette difficulté à retrouver l'envie de faire attention et à être l'objet d'attention ?

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