Parmi les effets de la pandémie il y a l'augmentation des prescriptions des anxiolytiques et des hypnotiques. Dansl'article « moins de prévention et plus de pilules » (vih.org, Etude pharmaco-épidémiologque, EPHI PHARE) onprend connaissance que le « top des hausses » des préscriptions concerne les anxiolytiques et les hypnotiques. Cetteaugmentation + 1,1 millions d'anxiolytiques et + 480 000 d'hypnotiques, est évaluée par rapport aux seuils prévuset attendus pour chacun de ces groupes de médicaments. Les anti-dépresseurs quant à eux ont également augmentémais beaucoup moins.Les anxiolytiques et les hypnotiques fonctionnent bien différemment des anti-dépresseurs. Si les préscriptions sontplus que jamais en faveurs des deux premiers, c'est que l'usager, en parlant à son médecin, doit donner certainesimpressions sur lui-même pour qu'il le lui recommande. Comprendre le fonctionnement de ces deux médicamentsnous permettra de comprendre comment nous parlons de nous, de nos émotions pour que l'on nous invite à lesprendre.Le anti-dépresseur s'occupent de la sérotonine, mais ils n'en produisent pas. Cette dernière est un élément naturel denotre corps. Loin d'être l'hormone du bonheur telle qu'on la présente souvent, elle est un neuromodulateur (unneurotransmetteur qui régule) qui donne à l'individu l'état d'esprit, l'envie, de se maintenir dans les situations qui luisont favorables. Si la sérotonine est trop dégradée dans le cerveau d'une personne, il y a risque de dépression, lesujet n'a plus assez de préoccupaton pour lui-même, ou ne croit plus assez en ses chances pour se maintenir dansdes situations qui lui sont, ou lui seraient, favorables. Pour la même raison, il va augmenter les situations à risquespour lui-même. L'anti-dépresseur face à cette dynamique « négative », ne paralysera pas les ressentis négatifs. Il varalentir la vitesse de dégradation de la sérotonine. Il va permettre donc que nous en ayons plus longtemps dans notrecerveau. [95 % de la sérotonine produite par la muqueuse gastro-intestinale passe dans le tube digestif puis le sang,mais elle ne sera pas présente dans notre cerveau. La sérotonine présente dans notre cerveau représente une trèspetite quantité de la sérotonine de notre corps, elle est donc d'autant plus précieuse.] Sans anti-dépresseurs,naturellement elle va être pompée, par les terminaisons des fibres nerveuses, ce qui va en diminuer la quantité auniveau des synapses de notre cerveau. Les anti-dépresseurs vont ralentir la vitesse de ce pompage chimique naturelet ainsi quand la sérotonine va etre déversée par la fente synaptique, elle ne sera pas recapturée, dégradée, aussirapidement qu'elle aurait pu l'être par les neurones présynaptiques. Les anti-dépresseurs ne vont pas augmenter laproduction de la sérotonine, mais permettre qu'elle reste plus longtemps présente, avec ses effets favorables surnotre cerveau réactif, au lieu d'être naturellement vite indisponible !Les anxiolytiques et les hypnotiques n'ont pa du tout ce fonctionnement. Les hypnotiques induisent la somnolence,et les anxiolytiques (chargés de gérer les peurs et l'anxiété si elles sont omniprésentes) ralentissent l'activité desneurones. Le ralentissement des neurones se traduit évidemment par une ralentissement de la concentration, de lamémoire, de l'état psychomoteur, ainsi que par une baisse de la vigilance, par l'altération de l'état de conscience(causant insomnie, cauchemar, etc) et par la déstructuration de l'organisation des étapes du sommeil. Du fait de cesconséquences, la législation prévoit des limites à la préscription : elle prévoit 12 semaines de préscription pour lesanxiolytiques et 4 smaines pour les hypnotiques.Qu'est-ce que ce détour par des fonctionnements moleculaires différents nous permet-il de comprendre ? Le bilandurant la pandémie est le suivant : les préscriptions qui ont augmenté durant cette période, sont celles qui ralentisentles compétences et les facultés de chacun, celles qui réduisent les capacités cognitives qui nous permettent de nousimpliquer dans les situations de notre vie. Les préscriptions en hausse durant la pandémie sont celles quiralentissent la prise de décision, la concentration, les motivations, etc. Tandis que les anti-dépresseurs, qui nouslaissent plus longtemps avec notre taux naturel de sérotonine, taux que nous permet de mieux gérer les difficultés,taux qui nous permet de réaliser des choix plus proches des situations à notre avantage (puisque la sérotonineaméliore considérablement notre évaluation des incidences dans nos décisions) ; n'ont pas été privilégiés.Pourquoi ? Les professionnels de santé n'ont pas dirigé vers ce qui améliore nos prises de décision, mais aucontraire ont invité à avoir recours à ce qui diminue notre vigilance. Bien loin de leur prêter une mauvaiseévaluation, commençons plutôt par nous demander comment nous leur parlons de nos émotions, comment nousnous y rapportons devant eux, pour induire une préscription qui nous en déleste, nous en sépare !Une personne qui prend rendez-vous chez un « psy » avec ses peurs, son anxiété, ses soucis qui viennent la relancerles nuits comme si la hanter de jour ne suffisait plus, se doute q'il va falloir se poser quelques questions et fairel'effort de comprendre un peu mieux son fonctionnement. Même si le « psy » est là pour l'aider à saisir ce qui danssa constuction mentale et émotionnelle peut devenir des zones à risques, des zones de doutes, elle sait , quelquepart, qu'elle va devoir s'intéresser à elle-même. En revanche, si chacun cherche dans sa mémoire les souvenirs desmoments où il a évoqué auprès d'un médecin ses souffrances psychologiques, on se rend compte qu'il en va toutautrement. Devant un médecin on parle des maux psychiques comme on parle des dysfnctionnements du corps. Ondécrit des anomalies dont il faut nous débarrasser. On parle comme si il s'agissait de pensées, de ressentis qu'il faut
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