Théorie de Marshmallow sur le gain qu'on peut avoir par le confinement ?

Publié le 3 février 2021 à 14:29

Il s'agit à la base d'un test comportementaliste qui tend à distinguer les individus qui peuvent patienter pour avoir un
gain dans un temps différé, de ceux qui ne patienteront pas et accepteront d'avoir peu pour avoir immédiatement.
Pour en comprendre l'utilité il a été nécessaire de le faire avec des enfants. Pris individuellement, on leur propose un
chamallow et on leur précise deux options : soit ils le prennent immédiatement et ils n'en ont qu'un seul, soit ils
attendent 15 minutes et ils en auront deux. Ce test inventé en 1972 a été refait plusieurs fois, et les derners résultats
ont été observés en 2011 à l'université de Pensylvannie. Les 1000 enfants ont été suivis pendant 30 ans. A leur 32
ans, des écarts importants les scindent en deux groupes. Ceux qui ne pouvaient pas différer leurs envies sont deux
fois plus en échec de couple, quatre fois plus sanctionnés par des procédures juridiques graves, trois fois plus
concernés par les difficultés de gestion financière, trois fois plus exposés aux addictions et presque trois fois plus
touchés par les problèmes de santé.
Cette théorie peut-elle nous soutenir dans le contexte de l'expérience du confinement ?
En elle-même, elle nous explique que, quelque soit nos différences personnelles, majoritairement nos choix, nos
réactions émotionnelles, face aux difficultés et à nos besoins, seront plus fécondes si l'on décide, avec efforts, de ne
pas céder aux envies immédiates. Si l'on sait mettre en place une progression dans le temps pour obtenir ce qui nous
semble le plus important et que l'on a conscience de ce qui est le plus important. Cela se vérifie de deux manières :
par l'expérience et la connaissance des réactions cérébrales. Nous avons tous observé que lorsque nous faisons
l'expérience d'un résultat immédiat, nous sommes moins longtemps heureux que nous l'imaginions quand on
attendait de l'obtenir. Ce qui est normal car notre cerveau naturellement, amplifie, surestime les conséquences à
venir. Il convoite une satisfaction bien au-delà de ce qu'elle sera. Il réagit avec moins d'anxiété, il vit et dépasse
mieux les difficultés, si l'on est en projet, en attente d'un gain différé plus conséquent que celui que l'on pourrait
obtenir immédiatement. Evidemment notre cerveau amplifie aussi les risques divers, ce qui veut dire qu'il est
important dans le temps considéré de noous rappeler notre choix afin de nous maintenir dans l'attente et non dans le
doute. C'est là le second effort à faire.
Le confinement nous présente exactement le même contexte. Nous devons différer nos envies de regroupement, nos
libertés individuelles et même nos organisations qui facilitaient notre exercice professionnel. Bon nombre d'entre
nous ont du mal à respecter les interdictions de regroupement, donc ne diffèrent absolument pas ! Le confinement
ne peut-il pas être l'occasion d'apprendre à différer si nous faisons parti de ceux qui en éprouvent le plus de
difficulté ? Peut-être mais à condition que nous acceptions de façon réaliste notre difficulté et que nous percevions
bien que le jeu en vaut la chandelle , c'est-à-dire que nous percevions bien ce que signifie un gain plus important
que les regroupements immédiats.
Pourquoi est-ce si difficile de ne pas prendre immédiatement ce chamallow unique que représente le regroupement
(qu'il soit amical, professionnel, familial, sportif, associatif, ou même seulement urbain quand nous refusons de
faire la queue dans un commerce à un mètre de distance ou que nous voulons coûte que coûte rentrer à plusieurs
dans un magasin) ? Tout d'abord à cause de la solitude. Les regroupements nous donnent l'impression inconsciente
de ne pas être isolé et l'être humain a beaucoup de mal à accepter l'isolement.
Mais il y a aussi l'impatience à attendre. Quand nous attendons devant un commerce avant de rentrer, nous
voudrions déjà être rentrés et ce n'est pas toujours une question d'avoir peu de temps devant soi. Nous sommes
préssés d'obtenir, avides d'obtenir les choses faciles à obtenir. Et ce modèle des choses faciles à obtenir nous le
prenons inconsciemment, à tort, comme modèle pour appréhender les choses d'intérêt supérieur (exemple : la santé

de tous), à moins que ce ne soient les choses d'intérêt supérieur que nous ne parvenions plus à penser, car nous ne
nous envisageons pas facilement dans un avenir (en difficulté ou à réussir) ? Puis-je vraiment imaginer et croire que
j'aurai deux marshmallows avec l'effort de ma retenue ?
La théorie du Marshmallow est intéressante quand elle nous conduit à nous poser la question : pourquoi y-a-t-il
deux groupes d'individus ? Pourquoi un certain nombre de personnes ne peuvent-elles pas se libérer de l'impulsion
immédiate à vivre leurs envies ? La souffrance de la solitude, de l'isolement, fait pleurer, elle fait contester les
décisions de confinement, mais elle ne pousse pas nécessairement à braver l'interdit du regroupement si les
personnes en souffrance vivent aussi avec l'idée de l'étendue mondiale de la pandémie et accepte la responsabilité
de chacun dans la santé des l'autre. Or bien souvent comme justification des regroupements et des rapprochement
physiques dans les lieux collectifs, ont entend que ce n'est pas si grave ! Après tout 99% des personnes atteintes
guériraient ! Les cancers tuent plus ! Finalement peu importe, il faut bien mourir de quelque chose nous disent
quelques personnes. Nous pouvons même aller plus loin et nous dire : peu importe si je transmets ce virus, ça ne va
pas arrêter le cours du monde, ni celui de ma vie. Dans touts les cas il y a quelqe chose qui pour nous n'est pas
vraiment réel, comme un déni. Soit c'est notre intérêt pour l'autre plus fragile que nous qui est finalement très
abstrait. Soit c'est la chaîne humaine dans laquelle nous ne parvenons pas à nous voir, celle que nous allons
maintenir si nous sommes des passeurs du virus. Soit nous n'avons plus l'habitude de nous regarder
individuellement responsable. Comme un vote inutile ! Soit nous avons du mal à imaginer les risques et le gain
pour nous personnellement. Car si nous pouvons dire en toute logique que plus vite nous sortons de la pandémie,
plus vite nous y gagnons économiquement et humainement, l'inverse est tout aussi vrai et pourtant cela ne suffit pas
à se priver un certain temps. Ce qui nous intéresse encore trop ce sont nos envies immédiates.
Il est courant de rencontrer un professionnel pour que nos envies ne soient plus impulsives ou irrérésistibles. Faut-il
aussi le rencontrer pour supporter d'intégrer vraiment le poids des risques et de notre responsabilité ?
Ou tout simplement, comme un vrai déni, refuser la retenue, la privation, est-elle la dernière défense pour se
protéger de quelque chose qui nous inquiéte plus qu'on ne peut le dire ? Si oui, alors d'une inquiétude inassumable,
trop forte pour être vécue consciemment tous les jours, peut-on s'en sortir en utilisant une méthode cadrante,
déresponsabilisante, qui, comme celle de la théorie des Marshmallows, puisse valoir seulement comme un principe
à appliquer ?

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