Dans l'article du lundi 26 juillet 2021, a été évoqué la possibilité que nous ayons besoin, au sens strict
du mot « besoin », d'un sentiment d'auto-efficacité, besoin de percevoir que nos actes ne tombent pas dans le vide,
besoin d'un sentiment d'efficacité personnelle sur les autres et les événements de notre vie. A été évoqué la
possibilité que nous ayons perdu la conscience de ce besoin. Dans le même article, a aussi été envisagé que les
gestes barrière (vécus comme volonté de protéger l'autre), et la vaccination (vécue comme l'acceptation d'être
responsable dans le refus d'exposé sa propre vie au danger de mort), étaient peut-être les deux traces encore visibles
de ce besoin d'être efficace dans la gestion de sa propre vie, son propre corps et dans sa présence aux autres.
Mais le mot « Agentivité » n'a pas complètement été élucidé. Qu'apporte de plus ce mot, au besoin d'auto-
efficacité ? L'Agentivité est tout simplement la fluctuation, les hauts et les bas, du sentiment d'auto-efficacité.
En quoi est-il important de considérer ses variations ? Parce que ces variations n'arrivent pas toutes seules et le
sentiment d'auto-efficacité ne tient pas tout seul. Il faut le faire tenir. Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire
que notre capacité à réussir ce qu'il faut faire, n'est pas une donnée naturelle. Nous pouvons avoir naturellement
besoin de nous sentir ef icace dans nos vies, mais la capacité à réussir, elle, n'est pas donnée naturellement. De
cet écart entre un besoin inhérent à la nature humaine et une capacité à réussir les actes entrepris qui elle ne serait
pas naturelle, viennent peut-être les éternels problèmes de manque de confiance en soi ?...Nous nous poserons la
question du sens de cette fameuse « confiance en soi » dont tout le monde parle, et de son manque qui occupe tout
autant sinon plus, dans un prochain article !
Pour l'instant, essayons déjà de savoir comment développer notre capacité à réussir dans nos vies les actes qu'il faut
faire et que l'on tente de faire ? Comment s'assurer d'un sentiment d'efficacité personnelle ? S'agirait-il d'entretenir
une certaine image de soi au sens de l'imagination ? S'agirait-il de se convaincre soi-même d'être efficace dans sa
vie ? L'auto-efficacité serait-elle une forme d'auto-persuasion : un beau mensonge à soi-même avec un effet placebo
?
Albert BANDURA (synchronicité réussie : décédé le 26 juillet 2021) qui a consacré son parcours de
chercheur universitaire émérite et de professionnel de santé, à comprendre ce besoin cérébral d'auto-efficacité, a
posé clairement le résultat de ses recherches. Un sentiment d'efficacité personnelle ne peut avoir lieu et ainsi
répondre aux besoins cérébraux inconscient et conscient que nous en avons, que si l'on en fait l'expérience directe.
Ce canadien professionnel de la santé mentale n'a pas eu peur d'utiliser le lexique qui en France est critiqué, à savoir
le mot de « maîtrise », mais il le définit précisément. Nous avons un besoin naturel de maîtrise et il ne peut être
satisfait que par un sentiment de maîtrise, qui lui passe par nos actes réels. Il n'est pas question ici d'une maîtrise
des événements au sens familier du terme, c'est-à-dire au sens où nous tiendrions entre nos mains les événements de
nos vies, mais d'une maîtrise au sens de son étymologie grecque (modifier) où nous pourrions percevoir
suffisamment régulièrement que nous réussissons à impacter, à agir sur, à influencer, les événements de nos vies,
grâce aux actes que nous effectuons pour ce faire.
Comment percevons-nous que nous avons modifié les événements par nos actes et que donc, quelque
part, finalement, nos actes correspondaient à ceux qu'il fallait faire ? Toujours par le même processus : 1-2-3. 1–
Nous commençons par prendre en compte avec une certaine lucidité l'existence d'obstacles ; puis 2– nous décidons
de la persistance de nos efforts et de l'orientation que nous donnons à cette persistance ; enfin 3– nous avons
conscience des modifications réelles que nos actes agissant sur l'obstacle, ont fait advenir. Malgré le ou les obstacle
réel, de nouvelles données, « des choses », sont advenues en lien avec ce qui était initialement visé.
Evidemment, nous viennent déjà en tête les situations où les modifications advenues du réel, nous ont littéralement
surprises car elles ne ressemblaient en rien avec ce que nous attendions. Nous viennent encore bien plus à l'esprit
les situations dont nous dirions que rien n'est advenu, voire pire, tous ces exemples où nos efforts persistants ont
généré le contraire de ce qu'il fallait, autrement dit ce que nous nommons l'échec. Ces situations évoquent un besoin
d'efficacité dont l'élan est meurtri, un sentiment d'efficacité personnelle qui douloureusement deviendra caduc.
Inutile alors de se raconter le réel autrement, de se mentir à soi-même, ni même d'espérer un précieux déni, puisque
ce sentiment d'efficacité pour exister réclame l'observation de l'issue de nos actes persistants. On ne peut pas
ressentir le sentiment d'efficacité personnelle en essayant d'en fabriquer le mirage mental jusqu'à en espérer la
croyance. C'est à cet endroit-là que BANDURA nous proposer de comprendre ce qu'est l'Agentivité : le sentiment
d'efficacité personnelle qui peut croître, tout aussi bien que décroître, jusqu'à disparaître (une des causes des
malaises chez les adolescents, une certaine notion de la dépression chez les adultes et la cause de certaines
tentatives de suicide).
Beaucoup d'ouvrages nous proposent de commencer par ressentir comme réel ce que nous voulons
obtenir un jour dans le futur. Peut-être cela fonctionne-t-il ? Mais n'oublions pas qu'il faut certainement pour cela
un degré d'inquiétude assez faible. BANDURA nous propose de prendre le point de départ inverse, celui qui nous
permet de partir des mauvaises conditions psychique (insécurités) pour se relever. Comment depuis le réel,
comprendre ce qui fera advenir le sentiment d'efficacité personnelle, afin d'aller en chercher les pierres de
construction, puis de l'entretenir ? Il met à jour quatre pierres : l'histoire personnelle (la chance d'avoir vécu jeune et
mémorisé jeune notre propre efficacité venue nous surprendre dans nos tentatives presque irréfléchies), les
expériences vicariantes (avoir été témoins de personnes qui tels des modèles ont effectué devant nous les
comportements à acquérir), les retours verbaux des autres (qui sont les éléments sur lesquels nous pouvons le moins
compter car trop aléatoires), la dissociations émotionnelle à réaliser absolument (se rendre compte que l'on prête
nous-mêmes à nos peur, à nos moments de tracs, à nos anxiétés diverses, un pouvoir d'annoncer une prédisposition
à l'échec alors qu'effectuer l'acte en leur compagnie ne prédispose en rien psychologiquement à l'échec).
Peut-être n'avons-nous que trop peu dans notre vie la première, nous pouvons chercher autour de nous
la seconde. Peut-être la troisième fait-elle bien trop défaut, nous pouvons assurément entreprendre la quatrième. Ce
qui est sûr c'est que ces quatre pierre de touche sont à l'origine des baisses, du maintient ou de l'augmentation de
notre sentiment d'efficacité personnelle. C'est grâce à elles, ou à cause d'elles (tout dépend du réel que nous
choisissons de sélectionner) que la réalité, va, dans notre esprit, notre cerveau, fabriquer une croyance ressentie.
C'est à cet endroit-là que la réel et la croyance et le futur de notre efficacité, se rencontrent.
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