Dans peu de temps, peut-être, le dilemme de la vaccination sera derrière nous ? Sans doute que
professionnellement, même si nous sommes contre, nous serons obligés d'être vaccinés. Si l'avenir proche prend le
visage de cette obligation, nous ne penserons plus à ce qui émerge aujourd'hui. Alors saisissons-le maintenant afin
de nous en inquiétez un peu et d'être plus vigilants sur ce fonctionnement entre nous.
Aujourd'hui, quelque soit leur ancienneté professionnelle, dans leur service et auprès de leurs
collègues, quelques soient leurs âges, les personnes qui s'inquiètent du contenu des vaccins et/ou de la vaccination
généralisée comme principe, sont la cible de plusieurs réflexions. Ces mêmes réflexions, ce sont aussi manifestées
depuis cet été dans des champs non-professionnels, plutôt amicaux et familiaux. Elles portent essentiellement sur le
fait que les personnes, qui délibérément refusent le vaccin, pourraient être responsables de la durée de la pandémie.
Tant que le vaccin était mis à notre disposition, tant que nous étions seulement encouragés par les
pouvoirs publics à nous en saisir dans une liberté totale, c'est-à-dire sans contrainte à supporter si nous le refusions,
il n'y a eu que 20% des français qui en ont fait le choix, juste 2 personnes sur 10 ! Cela veut dire que, malgré notre
expérience des confinements rendus nécessaires, rappelons-le, par le fait que le virus était potentiellement aux
portes de notre vie quotidienne (chez nos amis, dans les écoles de nos enfants, dans nos espaces professionnels),
nous n'avions pas si peur pour nous que cela. Il a fallu que le refus de la vaccination vienne à signifier, en plein été,
le refus des accès aux lieux publiques (cinémas, clubs de sport, manifestations sportives, restaurants, bars, espaces
de loisirs), pour que le nombre des vaccinés augmente rapidement en quelques semaines et considérablement. Si
nous volons être réalistes et honnêtes, ce n'est donc pas par une prise de conscience soudaine du danger pour la
santé de chacun que les vaccins ont été investis, mais bien par peur de perdre les libertés qui apparaissent comme
nécessaires au confort individuel.
Alors pourquoi dire maintenant que les non-vaccinés représentent un danger pour Tous ? Faut-il
entendre entendre par là qu'ils représentent la pénibilité de devoir continuer à porter le masque et se désinfecter les
mains à cause d'eux ? Ou faut-il entendre qu'ils font peur ? Examinons ces deux questions.
Ce n'est pas à cause des non-vaccinés que nous devons nous désinfecter encore et encore les mains,
nous devrions le faire même si nous étions tous vaccinés. Même si le vaccins nous rend moins longtemps
contagieux pour les autres, dans le cas où nous attraperions la Covid, il ne nous a jamais été caché que nous
pouvons l'attraper vaccinés. La désinfection des mains nous protège donc nous-même en premier. Notons également
que le corps médical ne peut encore nous dire combien de jours un vacciné est contagieux quand il l'attrape après ou
bien après sa vaccination. Nous savons simplement que le vacciné est contagieux moins longtemps car son corps se
défendra plus efficacement et plus vite, du fait que le vaccin lui a permis de mémoriser l'identité du virus dans ses
cellules, ce qui lui permettra très vite de le reconnaître et d'enclencher le processus de défense.
Quant au masque , faut-il encore le redire, par lui nous protégeons l'autre, par conséquent, le vaccin ne nous permet
pas d'ôter le masque puisque vaccinés il est toujours possible d' attraper la Covid et de la transmettre.
Reste alors la seconde question : les non-vaccinés font-ils peur et pourquoi ? C'est comme si la Covid
n'était plus un virus invisible, et qu'au contraire maintenant, elle avait un visage humain, les visages, des Autres, les
non-vaccinés !!!! Comme si on acceptait plus facilement de regarder la pandémie comme un fléau, une processus
dont on aurait du mal à se sortir depuis que des Autres en seraient responsables.
Cette manière de raisonner n'est pas condamnable si on se rappelle qu'elle n'est pas nouvelle et qu'elle
est même une réaction humaine collective psychologiquement explicable. On accepte plus facilement la conscience
qu'un danger existe réellement pour nous, quand il a le visage d'un groupe auquel nous n'appartenons pas , pour
deux raisons.
(1) Humaniser un danger qui n'est pas humain à l'origine, c'est parfois l'unique condition pour qu'un
humain puisse supporter de le regarder en face. Un danger qui n'est pas humain est plus oppressant que celui qui est
imputable à la responsabilité d'Autres humains. Bien sûr ! Pourquoi ? Parce qu'aux Autres nous pouvons leur en
vouloir, leur faire des reproches, nous imaginer que les supprimer supprimerait le danger. Ces pensées, ces
intentions, sont les restes, malheureusement inféconds, de notre besoin souvent méconnu à nos yeux, pourtant
irrépressible, d'agir. D'ailleurs, quand durablement nous n'avons plus envie d'agir, quand durablement nous n'avons
plus le goût des autres et de nos intentions envers eux, qu'elles soient affectueuses ou coléreuses, c'est qu'une des
formes connues de la dépression s'est doucement installée, discrète mais repérable à cela qu'elle atteint, bouleverse,
la dimension humaine active et réactive de celui qu'elle touche.
Or si le danger est inhumain (un génocide, ou plus proche de nous les cris bien réels de la violence intra-familiale
que nous entendons tous les soirs chez nos voisins...) ou non humain (cancer, SIDA, Covid, etc.), nous savons que
d'une certaine manière nous n'avons pas la main dessus, à moins évidemment de s'engager dans une responsabilité
individuelle et collective face à lui. Si nous ne l'avons pas fait, il ne nous reste que les Autres, vers qui nous tourner,
à incriminer... Quand les Autres incarnent le danger de la force de résistance de la Covid, l'humain vacciné souffre
moins de son impuissance, il se précipite même pour penser et dire, en pensant aux Autres, que, lui, il a fait ce qu'il
fallait.
(2)La seconde raison découle de la première. Donner au virus le visage des Autres, l'humaniser en les
eux voyant responsables de son existence endurante, persistante ; nous est en effet très utile pour une autre raison.
Nous n'assumons pas le fait, d'avoir été à leur place avant. Et là ce n'est plus un problème d'impuissance qui nous
touche cette fois-ci, mais celui de nos limites personnelles dans ce que nous pouvons assumer de moyennement
beau en nous. Par cela tout être humain est touché. Il est légitime qu'un non-vacciné refuse le vaccin par crainte de
ce qu''il contient et que nous ignorons largement. Mais parmi les personnes vaccinées aujourd'hui et qui auparavant
ont décliné volontairement l'invitation à la vaccination, durant un certain un temps ; y en a t-il beaucoup qui l'ont
décliné pour cela ? Ou le vaccin a-t-il été décliné un certain temps du fait qu'il ne nous intéressait pas ce virus, il ne
nous intéressait pas vraiment tant qu'il ne nous touchaient pas nous, dans notre corps, dans le risque de perdre notre
travail et surtout dans notre confort de vie ? Nous ne nous sommes assez préoccupés, ni de notre santé, ni de celle
des autres ; c'est peut être cela que nous n'assumons pas et que nous sommes si a l'aise de reprocher aux Autres, aux
non-vaccinés. D'ailleurs ce sont les reproches suivants qu'ils entendent aujourd'hui : « mais enfin tu es un danger
pour toi-même ! Mais enfin tu es un danger pour les autres ! Mais enfin, à cause de vous on ne s'en sortira pas de
ce fléau ! ».
Peut-être n'assumons nous pas le fait de n'avoir rien fait contre avant ? Pourtant nous n'avons pas à
nous en culpabiliser. L'assumer, le reconnaître, c'est juste se dire qu'il nous faut progresser pour trouver en nous
l'envie de la responsabilité, si cette dernière ne nous oppresse pas. Et si la responsabilité nous oppresse, il nous faut
travailler sur nous afin de comprendre pourquoi. Car, oui, la responsabilité oppresse beaucoup d'entre nous, quelque
soit la responsabilité à porter : être responsable de ce qui fonctionne mal chez soi, dans son foyer, dans son couple,
chez son « enfant à problèmes », dans son travail, avec ses collègues, dans sa santé, dans ses échecs, dans ses
marques d'égoïsme, d'insociabilité, de manque de moralité, etc.
De l'anxiété de notre impuissance sur une maladie qui promet des ravages si on ne l'endigue pas ou de
la peur d'être responsable de l'indifférence à sa propre santé et à une certaine moralité envers les autres ; qu'est-ce
qui nous concerne le plus ? Laquelle des deux devons nous reconnaître en nous sans nous culpabiliser (sinon nous
n'y arriverons pas et l'hostilité à l'égard de l'Autre aura toujours de beaux jours devant elle....) pour pouvoir enfin
profiter pleinement de notre nature humaine, en nous voyant faire quelque chose contre ?
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